Décédé en octobre 2014, Antoine Casanova, un des membres fondateurs de notre Association des Chercheurs, enseignait l’histoire contemporaine à l’université de Besançon. Il avait deux passions. L’histoire de l’Église après Vatican II qui a fait dire à Mgr Di Falco, « Antoine est notre meilleur théologien ». Son dernier ouvrage, « Figures de Dieu, entre masculin et féminin, la longue marche », est préfacé par Mgr A. Rouet, archevêque émérite de Poitiers. Son autre passion était la Corse et son histoire dans ses multiples dimensions. Le Moyen Âge avec son DESS, sous la direction de G. Duby, sur « La seigneurie banale en Corse » publié dans Études Corses ancienne formule. Ont suivi, dans Corse Historique, ses articles pionniers sur les Caporaux et sa lecture attentive des Chroniques afin de saisir « la pensée paysanne » confrontée à la lente instauration du régime seigneurial. Un « Imaginaire du féodalisme » dans sa version insulaire.
Car l’historien, dans la lignée de Leroi-Gouhran et de son maître et ami C. Parain s’était fait aussi anthropologue. Sa thèse d’État, « Identité corse, outillages, Révolution française » scrute avec minutie les techniques agricoles, les forces productives, la formation économique et sociale insulaire sur la longue durée et la rupture introduite par la Révolution française grâce à laquelle l’île échappait au destin du Mezzogiorno italien.
Il nous a laissé quelques bribes d’un travail inachevé, fruit de plusieurs décennies de collectes et d’entretiens avec les anciens de nos villages, sur les rêves, leur contenu et leur signification à tel ou tel moment du mouvement de la société. Mais, son « Napoléon et la pensée de son temps », unanimement salué par la communauté historienne, et « La Corse du jeune Bonaparte » aident à mieux comprendre les catégories de pensée et la personnalité du futur Empereur.